Mon engouement pour les couteaux ne date pas d’hier. Tout bien pensé, je crois qu’il remonte à mes 7 ans, lorsque j’ai reçu mon premier couteau, mon premier outil, celui qui m’a permis de confectionner tant de bâtons de marche, de bateaux en écorces et des sandwichs délicieux. Au fur et à mesure, il s’est émoussé et j’ai appris à l’aiguiser tout d’abord de manière rudimentaire puis beaucoup plus précisément, jusqu’à ce que me couper devienne monnaie courante.

Au cours de mes études d’ingénieur en matériaux, j’ai pu appréhender les comportements théoriques et intrinsèques de la matière. Nous apprenions à la modéliser informatiquement, à approcher ses comportements par des équations mais mon couteau ne restait jamais très loin. Je continuais à devoir manger et il était devenu mon compagnon indiscutable. J’ai par la suite travaillé en tant qu’ingénieur en bureau d’étude à Paris dans le monde du bâtiment. Les journées étaient riches en modélisations et en rapports interminables tous plus joliment illustrés les uns que les autres, mais il me manquait un contact.

Ce contact je l’ai retrouvé en martelant de l’acier chauffé au rouge par de froides journées d’hiver. Débuter un couteau avec de la matière brute, inerte et rigide, la former à grands coups de marteau, la polir laborieusement et méticuleusement, la sculpter amoureusement. Voilà un choix de parcours qui ne m’a pas laissé indifférent.

Vous l’aurez compris, Forgeron Coutelier n’est pas ma formation initiale mais plutôt une vocation d’autodidacte amateur de cuisine et d’outils tranchants bien conçus.

Aujourd’hui, j’ai installé mon atelier dans une grange du pays Nivernais et c’est devenu mon métier. La feuille de Ginkgo, mon emblème que vous retrouverez d’ailleurs sur tous mes couteaux, n’est pas là par hasard. Le Ginkgo Biloba, ou arbre aux quarante écus dont elle est tirée, a été planté dans ce jardin à ma naissance. Je crois qu’elle me suivra toute ma vie et c’est ce que je souhaite à toutes les lames que je réalise.